Idées pas forcément justes sur la forme.

Il s'agit ici d'un texte écrit aprés une nuit blanche d'installation et réinstallation d'un système d'exploitation linux... Les pensées ici données, traduisent à la fois l'attente devant un système complexe qui travaille sans relâche et la fatigue physique et nerveuse d'un être humain soumis à cette attente.

repasser par l'installation...

le terme installation est partagé entre un sens techniquement lié aux machines et un terme plus particulièrement formel, qui désigne une forme particulière d'occupation de l'espace pratiquée par les artistes. C'est autour de l'installation, comme autour de l'image, que se déssinent les enjeux de la confusion entre communication et art. En effet dans la notion de stand, ou de boutique, les artistes sont bousculés par des formes qui jonglent avec des effets similaires.

Mais ce qui est ici brèvement décrit (cf colloque Art, Mode, Design...) peut-être joué sur un autre plan. Considérons le monde d'aujourd'hui comme plus que jamais soumis aux contraintes cybernétiques. En tant qu'artiste, on peut proposer une utilisation d'une forme de l'installation qui puise son nouveau sens dans la technique liée aux machines et aux réseaux. Considérons que l'installation devient un mode d'implémentation d'un système formel dans une architecture réelle. De là, l'espace et le contexte ne sont plus considérés comme des zones continues mais commes des situations à résoudre...

pour ceux qui ont déjà fait ça : je rapprocherai la création d'un espace-oeuvre de la compilation d'un nouveau noyau sous linux. il ne s'agit plus de créer une forme dans un espace entièrement formaté, qui donne accés à des outils formels déjà élaborés mais de ne garder comme contrainte et comme nécessité que la réalité "physique" de la situation, et son usage futur, son potentiel. Ce qui revient à se placer à la racine du contexte. Dans ce cas il n'est plus question d'occuper un espace, mais de le structurer, au sens d'une architecture élargie. L'oeuvre, est alors aussi un outil d'ouverture.

En d'autres termes, il s'agit de faire le pont avec l'art cybernétique de Nicolas Schoeffer - bien qu'insupportable par son taux d'utopie et sa tendance foncièrement positiviste - faire le pont, c'est repenser l'art, non pas au travers du projet total(TOTAL), mais au travers d'une réalité LOCALE au sens complet du terme. (à étudier le sens complet du terme LOCAL)

Si je travaille dans un HLM des années 60, je dois me placer au niveau du constructeur du cube d'habitation et ne pas considérer l'espace comme un habitant, mais comme un fabriquant. On ne remplit pas des espaces, on les fabrique. Il ne s'agit pas d'habiter la forme, il s'agit de constuire, par exemple une circulation, comme Perec a pu le faire dans ces écrits.

(A la manière d'Edgard Günzig, quand j'emploie le terme espace j'entends espace-temps-matière-énergie...)

Au passage : définitions du jargon informatique :
- système d'exploitation : Ensemble des fonctions de base (mais parfois pouvant être très avancées), permettant l'usage d'un ordinateur, et sans lequel rien n'est possible. Exemples : Unix, MS-DOS, Linux, OS/2, MacOS. Un système d'exploitation est dit « de réseau » lorsque chaque machine est clairement identifiée, tandis qu'il est dit « distribué », quand on ne sait pas où sont ses fichiers. Abrégé en SE, ou en OS (en anglais).

- langage système : langage utilisé pour coder les fonctions de base d'un système d'exploitation. Ce langage est généralement utilisé pour d'autres tâches, mais est recherché pour sa proximité avec le matériel (donc son niveau d'abstraction relativement faible). Exemple : C (utilisé pour programmer Unix).

"...donc son niveau d'abstraction relativement faible..."
Cette notion d'abstraction, pose la même question, dans le domaine de l'ordinateur - un système foncièrement cybernétique puisque directement appliqué de cette théorie -, que l'arte povera pouvait poser dans le domaine du symbolique ou le landart dans le domaine du contexte. Il est peu pertinent d'étendre, par analogie, un domaine à l'autre. Loin de moi l'idée de m'inspirer de propositons de la licence GNU pour les appliquer en art...non. non. non. Il s'agit de discerner précisément les différences qui existent dans les solutions proposées face à un contexte que je définis relativement parallèle en art et en informatique :

Organiser un champs dans lequel une mécanique (duchamps) puisse opérer.

A celà s'ajoute la particularité de cette première moitié du 21eme siècle, qui donc succède à cette seconde moitié du 20eme siècle, durant laquelle, suivant les modèles datant de la seconde guerre mondiale, le monde, la pensée technique, les échanges humains, économiques, et aussi symboliques, ont pris le chemin de la cybernetique et ménagés un nid tout naturel à l'information, la communication, et la logique numérique. Dans ce contexte, et du point de vue de la trame du monde (pour ne pas dire la matrice), l'art ne peut plus être purement trans-humain, puisque ses conditions d'existence sont déjà couplées avec la machine.
J'emploie souvent le mot machine, j'aurais pu employer le terme "programme" qui, ici, aurait pris une couleur marxiste que je ne maîtrise pas...
Mais la machine, c'est évidemment le programme, tel que Bourdieu le définit. On est tout autant certis dans le "programme néolibéral", que dans la logique de ce vulgaire objet scintillant et ronflant que Vannevar Bush avait déjà décrit il y a soixante ans.(As we may think - 1945)

Pierre Bourdieu, "l'essence du néolibéralisme" le monde diplomatique - 1998

Puisque ce texte a un arrière goût de manifeste (cf aussi le manifeste d'Antoine Schmidt), nous pourrions plus synthétiquement écrire :

EN ARTISTE, ON NE CREE PAS DE LOGICIELS, ON PRODUIT DES SYSTEMES D'EXPLOITATION. UN SYSTEME D'EXPLOITATION PEUT PARFOIS PRENDRE LA FORME D'UN LOGICIEL. IL FAUT ALORS SE POSER LA QUESTION SUIVANTE :

"QU'EST-CE QU'ON EXLOITE ?"